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Rufina Noeggerath,

dite Bonne Maman

Introduction...

 

      Rufina Noeggerath, surnommée affectueusement "Bonne Maman" par ses contemporains, est une figure incontournable du mouvement spirite de la fin du 19ème siècle. Ce mouvement, elle a largement contribué à le développer, par un travail inlassable et l’exemple qu’elle inspirait aux spirites de cette époque. Julien Malgras affirme en 1906 dans son ouvrage Les Pionniers du Spiritisme, que « les spirites du monde entier connaissent Bonne Maman[1]. » Elle est contemporaine de Léon Denis et de Gabriel Delanne, avec lesquels elle entretenait par ailleurs de très bons rapports[2].

 

 

La jeunesse et les épreuves de Rufina Noeggerath

 

     Rufina Temmerman (de son nom de jeune fille) nait le 10 octobre 1821 au sein d’une famille aisée à Bruxelles, en Belgique[3].

     Elle entame d’abord ses études en Belgique, et va ensuite les poursuivre dans une école de jeunes filles à Bonn en Allemagne. Elle y fait la connaissance de Charles Noeggerath, qu’elle épousera en 1845.

     Son bonheur conjugal durera un peu plus de six ans : en 1852, Charles Noeggerath décède. A 30 ans, Rufina se retrouve sans ressources et seule pour élever leur fille. Elle emménage à Paris.

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    Vers 1880, un Esprit lui annonce lors d’une séance par l’intermédiaire d’un

médium, qu’elle a été désignée pour élaborer un ouvrage : La Survie.

   L’objectif de cette œuvre est de « publier les messages et les phénomènes des Invisibles destinés à nous instruire de la grande loi d’amour toute puissante et des

relations existant entre les mondes[6]. » Ce travail implique également de protéger

les médiums sincères, ce qu’elle s’engage à faire.

     Dès lors, elle va se consacrer à l’étude et à la diffusion du Spiritisme. La Survie

sortira en 1897, compilant des communications d’Esprits reçues dans différents

centres spirites s’étalant sur une vingtaine d’années.

L’étude du Spiritisme

     La fin des années 1860 signe son engagement dans la voie spirite[4]. Toute jeune, Rufina s’était détachée du catholicisme pour développer une libre pensée et une tendance presque néantiste. C’est d’abord avec scepticisme qu’elle s’y intéresse : elle l’aborde avec une certaine méfiance, mais vers le début des années 1870, elle reçoit des preuves qui ne lui permettent plus de douter et forgent sa conviction. Pendant dix ans, elle assistera à des phénomènes de table, d’écriture directe, des incorporations, des lévitations, des apports, des matérialisations d'Esprits et des moulages qui en sont issus. [5]

Le Salon de Madame Noeggerath

 

     A l’instar des salons littéraires ou artistiques en vogue dans la société française du 19ème siècle, Rufina Noeggerath possède son propre salon, ouvert aux arts et aux lettres mais aussi et surtout à la philosophie spirite. Ces salons exercent une grande influence sur les mœurs et les courants de pensée de la société parisienne : celui de Rufina a cette particularité d’y accueillir également des séances spirites.

     Son salon[7] aura accueilli durant une quarantaine d’année des personnalités littéraires et artistiques, des penseurs et des savants, et également des représentants de la grande presse. Parmi eux, on peut citer l’écrivain Anatole France, les savants Emile Duclaux (directeur de l’Institut Pasteur) et Julian Ochorowicz (qui a travaillé notamment avec Charles Richet et le médium Eusapia Paladino). Il y a également des collaborateurs spirites de la Société scientifique d’Etudes psychologiques qui sont aussi des personnalités connues de l’époque : le poète Camille Chaigneau, le peintre et médium Frédéric Hugo d’Alesi, le Docteur Chazarain, ou bien encore Pierre-Gaëtan Leymarie, un grand nom du Spiritisme qui a succédé à la direction de La Revue Spirite après Allan Kardec en 1869. On citera enfin parmi les nombreux spirites qui lui rendent souvent visite Camille Flammarion, le Colonel de Rochas, Léon Denis, Gabriel Delanne…

     Rufina s’est ainsi constitué un entourage d’hommes mais aussi de femmes appartenant à toutes les classes, opinions et écoles ; et son salon contribue fortement à diffuser un courant d’idées favorables au Spiritisme sur l’ensemble de la société parisienne.

 

     Mais ce salon a aussi une autre fonction : Quand son ouvrage La Survie parait, celle que ses amis ont déjà pris l’habitude de surnommer affectueusement Bonne Maman ouvre grand ses portes aux gens du peuple afin d’y recevoir ceux qui viennent aussi la visiter pour lui demander des conseils, écouter sa parole, s’imprégner de sa foi. Les veuves et les femmes du peuple surtout viennent chercher des consolations qu’elle donne avec une sincère bienveillance. Elle travaille, par le biais de son « école de Spiritisme-Amour » comme elle l’appelle, à diffuser et à appliquer la philosophie spirite sous son plus bel aspect : celui de consolation et d’espérance.

La Survie : Sa Réalité, sa Manifestation, sa Philosophie

 

La première édition de La Survie sort en 1897. L’ouvrage est préfacé par Camille Flammarion, et la couverture est illustrée par Frédéric Hugo d’Alesi (peintre célèbre et spirite engagé avec lequel Rufina a travaillé dès ses débuts).

    Lorsque l’ouvrage sort, Bonne Maman multiplie ses correspondances qui sont internationales, et qui atteignent notamment la Russie et l’Amérique.

     Le livre est tout de suite reconnu en France comme un ouvrage de premier ordre, recommandé dans la Revue Spirite qui retranscrit d’ailleurs plusieurs de ses communications[8] ; il est cité comme référence par d’autres auteurs tels que Léon Denis[9], Albin Valabègue[10], Gabriel Delanne[11]

     La Survie connait une seconde édition en 1907, qui est également traduite en allemand, en espagnol et en anglais. Une troisième édition, post mortem, paraîtra en 1930.

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Les dernières années : désincarnation et survivance

     Lorsque Julien Malgras a l’intention d’élaborer son ouvrage Les Pionniers du Spiritisme en France, il vient demander en premier lieu conseils et avis auprès de la doyenne des spirites, âgée de 84 ans, qui l’accueille avec sa gentillesse caractéristique. Il écrira dans l’ouvrage en hommage à celle-ci : « Son activité est inlassable et sa vigueur intellectuelle entière. Elle est l’âme du mouvement spirite contemporain[12]. »

 

     Le 15 avril 1908, quelques jours seulement après la publication d’un entretien qu’elle a accordé au journal Le Matin – un des quatre plus grands quotidiens français de l’époque – Rufina Noeggerath se désincarne à l’âge de 87 ans.

C’est avec un sourire angélique qu’elle dit au revoir à sa fille et ses petits-enfants, en prononçant ces ultimes paroles : « Quelle lueur éblouissante m’environne ! »[13]

    Ses obsèques ont lieu au cimetière du Père Lachaise. Léon Denis prononce le premier adieu, rendant personnellement hommage à sa vie et à son œuvre, et parlant ensuite des témoignages d’estime et de vénération parvenant du monde entier. Il est suivi de Camille Chaigneau et de bien d’autres qui viennent adresser des discours ou des poèmes. Parmi ceux-ci, un poème reçu dans la nuit-même par un médium parle de l’émotion qu’elle a ressentie lorsque ses amis qui l’ont précédé dans le monde spirituel l’ont accueillie ; il évoque notamment ses retrouvailles avec Charles Noeggerath, son mari.

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Pour conclure...

       Rufina Noeggerath a mis en pratique tout au long de sa vie les enseignements spirites, qu’elle a ardemment contribué à diffuser par son travail et son école de «Spiritisme-Amour».

     L’œuvre de cet apôtre du Spiritisme, ainsi qu’elle a été désignée par ses contemporains, se poursuit encore aujourd’hui, plus d’un siècle après sa désincarnation: d’une part son ouvrage, La survie, contient des enseignements de la plus haute portée et devrait figurer parmi les ouvrages de référence pour tout spirite cherchant à étudier de manière approfondie la doctrine spirite.

     D’autre part son œuvre se poursuit, actuellement, à travers le Centre Spirite Rufina Noeggerath dont elle est le guide spirituel, qui a pour mission de diffuser le Spiritisme et d’apporter la consolation aux affligés et aux démunis.

 

BIBLIOGRAPHIE

[1] Julien Malgras, Les Pionniers du Spiritisme en France, Paris, Librairie des sciences psychiques, 1906, p. 216.

[2] La Revue Spirite, Paris, 1901 : Numéro de novembre, « Les quatre-vingts ans de Bonne Maman » p. 651.

[3] La Revue Spirite, Paris, 1908 : Numéro d’août, « Rufina Noeggerath, sa vie et son œuvre », (p. 449-459.)

[4] La Revue Spirite, Paris, 1908 : Numéro de juin, « Funérailles de Madame Rufina Noeggerath », (p. 321-

[5] La Revue Spirite, Paris, 1900 : Numéro de septembre, « A propos de médiums », (p. 552-555).

[6] Ibid.

[7] La Revue Spirite, Paris, 1908 : Numéro d’août, « Rufina Noeggerath, sa vie et son œuvre », (p. 449-459.)

[8] Cf. entre autres les Revues Spirites de mars 1897 et juillet 1902.

[9] Léon Denis, Dans L'Invisible, Editions Philman, 1922, p.214 : « Nous devons signaler, en outre, la Survie, écho de l’Au-delà, recueil de communications remarquables ».

[10] Cf. Albin Valabrègue, Almanach de la survie pour 1900, préface.

[11] Gabriel Delanne, La Revue Scientifique et morale du Spiritisme, Février 1899.

[12] Julien Malgras, Les Pionniers du Spiritisme en France, Paris, Librairie des sciences psychiques, 1906, p. 215.

[13] La Revue Spirite, Paris, 1908 : Numéro de mai, p. 258.

     

Le Centre Spirite Rufina Noeggerath est une association loi 1901, membre de la Fédération Spirite Française.

Ses activités ont lieu à Beaune (21).​

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